COLLOQUE MIGRATION ET DEVELOPPEMENT 18 SEPTEMBRE 2004
COLLOQUE
Migration – Culture – Développement
2004
THEME: Le migrant : ses actions pour le développement
Coryse MWAPE : Rapporteur Atelier I
Alphonsine KOUYOKILA : Rapporteur Atelier II
Nina GOMBO : Rapporteur Atelier III
Pambu KITA-PHAMBU : Rapporteur Général du Colloque
Pape SENE (CAAD) : Organisation et Management
Sint Joris, 16 rue des Alexiens, 1000 - Bruxelles, 18 septembre 2004
Table des matières
I. Objectif du colloque. 2
II. Méthodologie et réalisation. 2
II.1. Architecture des colloques 2003 et 2004. 3
II.2. ATELIER I : Encadrement de l’action du migrant 4
II.3. ATELIER II : Soutien de l’action du migrant 4
II.4. ATELIER III : Environnement financier autour de l’action du migrant 5
III. Rapports des ateliers. 6
III.1. Atelier I : encadrement du migrant 6
III.1.1. Introduction. 6
III.1.2. Conception du projet 6
III.1.3. Faisabilité du projet 7
III.1.4. Mise en œuvre du projet 8
III.2. Atelier II : Soutien de l’action du migrant 9
III.2.1. Introduction. 9
III.2.2. Acquisition ou amélioration des compétences. 9
III.2.3. Exploitation et renforcement de la position d’interface. 10
III.2.4. Plus-value comme maillon d’un réseau pour le développement 10
III.3. Atelier III : Environnement financier autour de l’action du migrant 11
III.3.1. Introduction. 11
III.3.2. Méthode de travail 12
III.3.3. Etat des lieux. 12
III.3.4. Solutions et alternatives proposées. 14
II. Méthodologie et réalisation. 2
II.1. Architecture des colloques 2003 et 2004. 3
II.2. ATELIER I : Encadrement de l’action du migrant 4
II.3. ATELIER II : Soutien de l’action du migrant 4
II.4. ATELIER III : Environnement financier autour de l’action du migrant 5
III. Rapports des ateliers. 6
III.1. Atelier I : encadrement du migrant 6
III.1.1. Introduction. 6
III.1.2. Conception du projet 6
III.1.3. Faisabilité du projet 7
III.1.4. Mise en œuvre du projet 8
III.2. Atelier II : Soutien de l’action du migrant 9
III.2.1. Introduction. 9
III.2.2. Acquisition ou amélioration des compétences. 9
III.2.3. Exploitation et renforcement de la position d’interface. 10
III.2.4. Plus-value comme maillon d’un réseau pour le développement 10
III.3. Atelier III : Environnement financier autour de l’action du migrant 11
III.3.1. Introduction. 11
III.3.2. Méthode de travail 12
III.3.3. Etat des lieux. 12
III.3.4. Solutions et alternatives proposées. 14
I. Objectif du colloque
A la suite du colloque organisé le 11 octobre 2003, dans le cadre de l’édition 2003 du Festival Boul Falé, et qui abordait le thème du « migrant : trait d’union culturel et acteur du développement », nous avons poursuivi, cette année, avec l’ « accompagnement du migrant dans ses actions pour le développement ».
Ayant passé en revue, lors de la précédente édition, les stratégies, les moyens et les ressources nécessaires au migrant (atelier I) lorsqu’il agit soit individuellement (atelier II), soit en association (atelier III), dans le cadre d’un projet de développement, nous avons ici tenté de préciser les éléments nécessaires à la réussite de son action. Ont ainsi été abordé :
- l’encadrement de l’action du migrant dans la conduite de son projet ;
- le soutien nécessaire pour la réussite de l’action du migrant ;
- l’environnement financier dans lequel prend corps le projet du migrant.
II. Méthodologie et réalisation
En 2003, nous nous étions concentrés sur le migrant et sa place dans la dynamique du développement. En 2004, nous avons vu comment accompagner ce migrant lorsqu’il réalise des actions de développement.
Le graphique de la page suivante présente l’architecture générale et l’articulation des colloques 2003 et 2004 (cf. rapport disponible auprès de CAAD Belgique ASBL caad_bruxelles@yahoo.fr).
A la suite du colloque organisé le 11 octobre 2003, dans le cadre de l’édition 2003 du Festival Boul Falé, et qui abordait le thème du « migrant : trait d’union culturel et acteur du développement », nous avons poursuivi, cette année, avec l’ « accompagnement du migrant dans ses actions pour le développement ».
Ayant passé en revue, lors de la précédente édition, les stratégies, les moyens et les ressources nécessaires au migrant (atelier I) lorsqu’il agit soit individuellement (atelier II), soit en association (atelier III), dans le cadre d’un projet de développement, nous avons ici tenté de préciser les éléments nécessaires à la réussite de son action. Ont ainsi été abordé :
- l’encadrement de l’action du migrant dans la conduite de son projet ;
- le soutien nécessaire pour la réussite de l’action du migrant ;
- l’environnement financier dans lequel prend corps le projet du migrant.
II. Méthodologie et réalisation
En 2003, nous nous étions concentrés sur le migrant et sa place dans la dynamique du développement. En 2004, nous avons vu comment accompagner ce migrant lorsqu’il réalise des actions de développement.
Le graphique de la page suivante présente l’architecture générale et l’articulation des colloques 2003 et 2004 (cf. rapport disponible auprès de CAAD Belgique ASBL caad_bruxelles@yahoo.fr).
III. Rapports des ateliers
III.1. Atelier I : encadrement du migrant
Présidente : Louise Ngandu
Rapporteur : Coryse Mwape
III.1.1. Introduction
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de préciser ces trois éléments :
- le migrant est ici entendu comme étant un individu qui se déplace et qui est loin de ses repères culturels, de son lieu d’origine ;
- la position du migrant dans le projet peut varier : il peut être initiateur du projet ou un maillon dans la conception, il peut aussi être associé ;
- le migrant est indirectement bénéficiaire du projet et, comme tout participant au projet, ce bénéfice est une plus-value. Notons qu’un projet a plus de chance de réussir lorsque tout participant au projet trouve un bénéfice dans l’accomplissement du projet.
Dans la suite, pour préciser l’encadrement du migrant lors de la réalisation de son projet, les trois principales phases du projet ont été décortiquées.
III.1.2. Conception du projet
Celle-ci correspond à l’identification d’un besoin, d’un problème, d’une attente. Il faut dès lors déterminer le cadre à partir duquel cette identification s’opère. Deux situations sont envisageables :
(1) le migrant identifie lui-même un problème sur le terrain
(2) le migrant identifie un problème à distance.
Dans tous les cas, la perception propre du migrant est indispensable pour réaliser au mieux le projet. Si l’identification se fait à distance, il sera nécessaire d’envisager un déplacement et donc de prévoir les frais que cela suppose. Il est aussi important d’envisager la dimension « temps », ce qui signifie que souvent la réponse au problème identifié se fait dans l’urgence, une programmation est souvent difficile à envisager. Il faut donc une évaluation des potentiels à court – moyen – long termes et compter sur ses propres ressources.
(1) le migrant identifie lui-même un problème sur le terrain :
- étude du milieu : il faut définir le problème dans les détails et préciser les caractéristiques ; ce qui implique de prendre l’information à plusieurs niveaux (les personnes concernées, les autorités locales, etc.), cerner le problème par rapport à son environnement ;
- entretien avec les bénéficiaires potentiels du projet : parler avec les personnes concernées pour trouver une solution ensemble, c’est prendre en compte les préoccupations et les attentes des bénéficiaires – suite à cela, une « campagne » de sensibilisation et de mobilisation auprès du public visé permet l’adhésion du plus grand nombre au projet et de fait la compréhension du projet.
(2) le migrant identifie un problème à distance :
- la procédure sera plus lente et nécessitera impérativement une visite sur place par le migrant initiateur du projet afin de se donner toutes les chances de réussite.
III.1.3. Faisabilité du projet
Ceci correspond à l’évaluation des ressources propres et à la prise de conscience des potentiels dont on dispose sur le terrain pour réaliser au mieux le projet.
Au niveau du potentiel humain, quelles sont les compétences et quels sont les savoirs-faire existants ?
Est-il nécessaire d’envisager une formation des moins compétents par les mieux formés ? Le programme dans ce cadre doit être minimaliste ; il s’agit de passer l’expertise aux autres.
Au niveau matériel et financier, de quels moyens disposons-nous pour réaliser la formation et mettre en œuvre le projet ?
La recherche d’information se fait au niveau local – national – international.
A ce stade, si le migrant est isolé, il faut qu’il puisse être mis dans un réseau pour rechercher un soutien, une expertise, des synergies pour lui permettre de trouver tout ce qui peut lui être utile dans la réalisation de son projet.
L’évaluation du projet se fait à différents moments : soit de manière permanente pour pouvoir toujours rectifier les choses aux moments nécessaires, soit en fin de parcours (la grande évaluation) pour voir si les objectifs ont bien été atteints.
Question de plaidoyer : Avez-vous une politique de communication qui touche les coins les plus reculés des pays du Sud, et d’origine des migrants ? Si oui, laquelle et comment est-elle menée ? Quel est le rôle des radios, télévisions et ONG de terrain dans cette politique de communication ?
III.1.4. Mise en œuvre du projet
Si les deux premières phases ont été bien faites, la suite du projet pose moins de problème.
Nous devons juste attirer l’attention des candidats à la réalisation d’un projet sur l’importance des conditions de mise en œuvre négociées avec les éventuels bailleurs de fonds. En effet, la disponibilisation des fonds à des instants critiques et parfaitement programmés est une condition essentielle à la continuation et à la finalisation d’un projet.
III.1. Atelier I : encadrement du migrant
Présidente : Louise Ngandu
Rapporteur : Coryse Mwape
III.1.1. Introduction
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de préciser ces trois éléments :
- le migrant est ici entendu comme étant un individu qui se déplace et qui est loin de ses repères culturels, de son lieu d’origine ;
- la position du migrant dans le projet peut varier : il peut être initiateur du projet ou un maillon dans la conception, il peut aussi être associé ;
- le migrant est indirectement bénéficiaire du projet et, comme tout participant au projet, ce bénéfice est une plus-value. Notons qu’un projet a plus de chance de réussir lorsque tout participant au projet trouve un bénéfice dans l’accomplissement du projet.
Dans la suite, pour préciser l’encadrement du migrant lors de la réalisation de son projet, les trois principales phases du projet ont été décortiquées.
III.1.2. Conception du projet
Celle-ci correspond à l’identification d’un besoin, d’un problème, d’une attente. Il faut dès lors déterminer le cadre à partir duquel cette identification s’opère. Deux situations sont envisageables :
(1) le migrant identifie lui-même un problème sur le terrain
(2) le migrant identifie un problème à distance.
Dans tous les cas, la perception propre du migrant est indispensable pour réaliser au mieux le projet. Si l’identification se fait à distance, il sera nécessaire d’envisager un déplacement et donc de prévoir les frais que cela suppose. Il est aussi important d’envisager la dimension « temps », ce qui signifie que souvent la réponse au problème identifié se fait dans l’urgence, une programmation est souvent difficile à envisager. Il faut donc une évaluation des potentiels à court – moyen – long termes et compter sur ses propres ressources.
(1) le migrant identifie lui-même un problème sur le terrain :
- étude du milieu : il faut définir le problème dans les détails et préciser les caractéristiques ; ce qui implique de prendre l’information à plusieurs niveaux (les personnes concernées, les autorités locales, etc.), cerner le problème par rapport à son environnement ;
- entretien avec les bénéficiaires potentiels du projet : parler avec les personnes concernées pour trouver une solution ensemble, c’est prendre en compte les préoccupations et les attentes des bénéficiaires – suite à cela, une « campagne » de sensibilisation et de mobilisation auprès du public visé permet l’adhésion du plus grand nombre au projet et de fait la compréhension du projet.
(2) le migrant identifie un problème à distance :
- la procédure sera plus lente et nécessitera impérativement une visite sur place par le migrant initiateur du projet afin de se donner toutes les chances de réussite.
III.1.3. Faisabilité du projet
Ceci correspond à l’évaluation des ressources propres et à la prise de conscience des potentiels dont on dispose sur le terrain pour réaliser au mieux le projet.
Au niveau du potentiel humain, quelles sont les compétences et quels sont les savoirs-faire existants ?
Est-il nécessaire d’envisager une formation des moins compétents par les mieux formés ? Le programme dans ce cadre doit être minimaliste ; il s’agit de passer l’expertise aux autres.
Au niveau matériel et financier, de quels moyens disposons-nous pour réaliser la formation et mettre en œuvre le projet ?
La recherche d’information se fait au niveau local – national – international.
A ce stade, si le migrant est isolé, il faut qu’il puisse être mis dans un réseau pour rechercher un soutien, une expertise, des synergies pour lui permettre de trouver tout ce qui peut lui être utile dans la réalisation de son projet.
L’évaluation du projet se fait à différents moments : soit de manière permanente pour pouvoir toujours rectifier les choses aux moments nécessaires, soit en fin de parcours (la grande évaluation) pour voir si les objectifs ont bien été atteints.
Question de plaidoyer : Avez-vous une politique de communication qui touche les coins les plus reculés des pays du Sud, et d’origine des migrants ? Si oui, laquelle et comment est-elle menée ? Quel est le rôle des radios, télévisions et ONG de terrain dans cette politique de communication ?
III.1.4. Mise en œuvre du projet
Si les deux premières phases ont été bien faites, la suite du projet pose moins de problème.
Nous devons juste attirer l’attention des candidats à la réalisation d’un projet sur l’importance des conditions de mise en œuvre négociées avec les éventuels bailleurs de fonds. En effet, la disponibilisation des fonds à des instants critiques et parfaitement programmés est une condition essentielle à la continuation et à la finalisation d’un projet.
III.2. Atelier II : Soutien de l’action du migrant
Président : Pambu Kita-Phambu
Rapporteur : Alphonsine Kouyokila
III.2.1. Introduction
Les trois phases essentielles de la réalisation d’un projet (conception, faisabilité et mise en œuvre) étant décortiquées dans l’atelier I, nous allons nous intéresser ici à la relation entre le migrant et les différentes étapes que comportent ces phases.
III.2.2. Acquisition ou amélioration des compétences
Pour réussir un projet de développement et ne pas commettre les erreurs historiques qu’aujourd’hui nous dénonçons, le candidat réalisateur de projet devrait avoir les compétences nécessaires pour l’objectif poursuivi.
Le migrant évolue dans un environnement qui lui permet de conforter ses compétences dans les domaines qui touchent, de près ou de loin, au monde du développement. Il en est ainsi de la sociologie du développement, des techniques de conception, de pilotage et d’évaluation des projets, de la maîtrise de l’environnement dans lequel le projet est mis en œuvre, des aspects relatifs au financement et aux mouvements des capitaux, etc.
L’acquisition de ces compétences est absolument essentielle pour devenir un acteur efficace du développement.
En Belgique, beaucoup de formations relatives à ces aspects sont offertes aux candidats potentiels. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs offertes par des personnes issues de l’immigration.
III.2.3. Exploitation et renforcement de la position d’interface
L’exploitation judicieuse de cette position est une plus-value appréciable pour la bonne réalisation d’un projet de développement.
La connaissance, par le migrant, de l’environnement dans lequel prendra corps le projet devrait être exploitée pour réussir une meilleure identification des besoins notamment par un dialogue avec les bénéficiaires.
Une utilisation judicieuse de cette position permet de récolter une information de base la plus pertinente, de traiter au mieux avec les pouvoirs locaux, d’identifier des partenaires locaux fiables, etc.
Dans les pays du nord, le migrant doit profiter de sa position et de sa connaissance de ce milieu pour faciliter le financement, pour comparer les expériences, pour trouver des partenaires, etc.
Le migrant est automatiquement un consultant potentiel pour les différents partenaires souhaitant réaliser des projets dans sa région d’origine.
III.2.4. Plus-value comme maillon d’un réseau pour le développement
La mise en place de réseaux de personnes issues de l’immigration est un plus pour les actions que ces personnes peuvent mener.
Ces réseaux seront ainsi, notamment, un lieu d’échange d’informations et d’expériences, un groupe de lobbying soutenant les intérêts des membres, une porte ouverte vers les partenaires du nord, permettant un réel dialogue.
Il est essentiel que les migrants se regroupent pour créer et profiter des synergies qui naîtraient de leurs actions.
Président : Pambu Kita-Phambu
Rapporteur : Alphonsine Kouyokila
III.2.1. Introduction
Les trois phases essentielles de la réalisation d’un projet (conception, faisabilité et mise en œuvre) étant décortiquées dans l’atelier I, nous allons nous intéresser ici à la relation entre le migrant et les différentes étapes que comportent ces phases.
III.2.2. Acquisition ou amélioration des compétences
Pour réussir un projet de développement et ne pas commettre les erreurs historiques qu’aujourd’hui nous dénonçons, le candidat réalisateur de projet devrait avoir les compétences nécessaires pour l’objectif poursuivi.
Le migrant évolue dans un environnement qui lui permet de conforter ses compétences dans les domaines qui touchent, de près ou de loin, au monde du développement. Il en est ainsi de la sociologie du développement, des techniques de conception, de pilotage et d’évaluation des projets, de la maîtrise de l’environnement dans lequel le projet est mis en œuvre, des aspects relatifs au financement et aux mouvements des capitaux, etc.
L’acquisition de ces compétences est absolument essentielle pour devenir un acteur efficace du développement.
En Belgique, beaucoup de formations relatives à ces aspects sont offertes aux candidats potentiels. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs offertes par des personnes issues de l’immigration.
III.2.3. Exploitation et renforcement de la position d’interface
L’exploitation judicieuse de cette position est une plus-value appréciable pour la bonne réalisation d’un projet de développement.
La connaissance, par le migrant, de l’environnement dans lequel prendra corps le projet devrait être exploitée pour réussir une meilleure identification des besoins notamment par un dialogue avec les bénéficiaires.
Une utilisation judicieuse de cette position permet de récolter une information de base la plus pertinente, de traiter au mieux avec les pouvoirs locaux, d’identifier des partenaires locaux fiables, etc.
Dans les pays du nord, le migrant doit profiter de sa position et de sa connaissance de ce milieu pour faciliter le financement, pour comparer les expériences, pour trouver des partenaires, etc.
Le migrant est automatiquement un consultant potentiel pour les différents partenaires souhaitant réaliser des projets dans sa région d’origine.
III.2.4. Plus-value comme maillon d’un réseau pour le développement
La mise en place de réseaux de personnes issues de l’immigration est un plus pour les actions que ces personnes peuvent mener.
Ces réseaux seront ainsi, notamment, un lieu d’échange d’informations et d’expériences, un groupe de lobbying soutenant les intérêts des membres, une porte ouverte vers les partenaires du nord, permettant un réel dialogue.
Il est essentiel que les migrants se regroupent pour créer et profiter des synergies qui naîtraient de leurs actions.
III.3. Atelier III : Environnement financier autour de l’action du migrant
Président : Oscar Kombila
Rapporteur : Nina Gombo
III.3.1. Introduction
Les organisateurs avaient proposé aux participants aux différents ateliers de discuter autour de quelques questions directement en rapport avec le thème principal. Dans ce troisième atelier, nous avions eu à répondre aux questions suivantes :
- Parmi les mécanismes des transferts financiers internationaux, quels sont ceux qui sont accessibles au migrant en appui à son action de développement ?
- Quelles sont, dans ce domaine, les particularités de la législation sociale belge ?
- Existe-t-il des organismes financiers, comme les banques de développement, capables d’aider les migrants dans ce domaine ?
- La création d’une institution spécialisée est-elle envisageable ?
- Comment organiser les relations entre le migrant et les organismes financiers pour assurer une meilleure réussite de son action ?
Sur le plan de la participation, notre atelier a bénéficié de la présence de personnes d’origines sud-américaine, africaine et européenne, toutes sensibilisées à la problématique du travail des migrants en faveur du développement du Sud.
III.3.2. Méthode de travail
Nous avons tout d’abord procédé à un tour de table qui a permis de faire connaissance les un des autres. A l’issu de ce tour, nous avons pu nous rendre compte que d’une manière générale, nous étions surtout des personnes souhaitant partager leurs expériences et leurs interrogations personnelles concernant le développement du Sud. Nous avons regretté qu’à l’exception de M. Anton Van Assche de l’Ociv, il n’y avait pas d’experts en développement, en transferts financiers, ou de spécialistes sur la législation belge.
Partant de là, le groupe a choisi d’utiliser les questions proposées à titre indicatif et d’aborder le sujet avec les seuls éléments à notre portée. De cette manière en fait, nous laissions ouvert le débat.
Le travail s’est divisé en deux parties :
1. L’état des lieux qui a permis de mettre en évidence l’ampleur du phénomène des transferts financiers des migrants, les obstacles et le choix des moyens utilisés à cette fin.
2. Les propositions qui devraient permettre de résoudre les problèmes identifiés et de réduire sinon d’éliminer les obstacles..
III.3.3. Etat des lieux
«Comment s’articule l’environnement financier dans lequel se place l’action du migrant ? ». Nous avons relevé les réalités suivantes :
1. Les fonds transférés par les migrants vers le Sud sont de plus en plus importants
La crise économique qui persiste dans l’hémisphère sud et le décollage qui ne s’y effectue pas, entraînent de fortes sollicitations de la part des familles restées dans les pays d’origine pour de l’aide financière. En réalité, selon des chiffres révélés par des spécialistes, les migrants transfèrent même 4 fois plus d’argent que ne le fait l’OCDE en direction des pays du Sud, pour l’aide au développement de ceux-ci.
Cette situation s’explique entre autre par l’intégration des migrants dans leur pays d’accueil. Le fait qu’ils travaillent leur permet de faire parvenir des sommes d’argent à leurs familles pour les aider.
2. Les transferts se font souvent de manière informelle
Même si les migrants ont plus de fonds à transférer vers le Sud, ils n’utilisent pas nécessairement les canaux tels que les banques. Ils privilégient plutôt les sociétés de transferts d’argent (Western Union, Moneytrans, etc). Plus rapides, n’exigeant pas trop de formalités, elles permettent de répondre rapidement aux demandes urgentes des familles.
Cette tendance est renforcée par le fait que parmi les personnes qui transfèrent de l’argent, il y a tout de même un nombre non négligeable d’illégaux (notamment les latino-américains). Ces sociétés sont intéressantes pour eux car elles n’exigent que l’identité du bénéficiaire et pas de celui qui envoie l’argent.
De plus, les migrants ne souhaitent pas spécialement que l’Etat n’ait connaissance des montants transférés. En effet, ils peuvent très bien avoir des sources illégales (travail au noir, trafic de tous genres, etc).
3. Les banques du Sud existent peu dans le Nord
Il existe quelques banques sud-américaines et du Maghreb (Argentine, Maroc, etc) qui ont créé des succursales dans le Nord, ce qui facilite les opérations financières pour les originaires de ces parties du monde. Par contre, dans le cas de l’Afrique noire, il n’y en a aucune.
A cela s’ajoute le problème lié au taux de change, comme l’a soulevé un des intervenants. Les participants à l’atelier ont dénoncé les faibles taux de change que les sociétés de transferts appliquent et qui s’ajoute à la faiblesse des monnaies locales. Ainsi, les fonds transférés perdent leur valeur durant le processus. Ces sociétés profitent du fait que l’intermédiation financière est souvent inexistante dans le Sud.
4. La dépendance des familles par rapport au migrant s’accentue
Plus la crise économique sévit dans le Sud, plus s’accroît la dépendance des familles vis-à-vis des migrants. Les transferts effectués servent surtout à les nourrir au quotidien. Souvent, le transfert est justifié par un catalyseur comme par exemple un décès ou une maladie. Très rarement, l’argent sert à développer une activité génératrice de revenus et qui rendrait ces familles indépendantes ou en tous cas, moins dépendantes.
Au contraire, même lorsqu’il y a un investissement par les migrants, ceux-ci se plaignent de la mauvaise gestion des fonds par les bénéficiaires. En fin de compte, on revient à la case de départ, il faut de nouveau nourrir le quotidien.
5. Il existe un climat de méfiance vis-à-vis des pouvoirs publics du Sud
Les migrants dénoncent le manque de volonté politique de la part des pouvoirs locaux.
Ils leur reprochent de ne pas prendre de mesures adéquates pour faire changer les choses. Les migrants ne demandent qu’à contribuer au développement de leurs pays d’origine. Mais ils ont besoin que les politiques mettent en place des dispositifs qui les incitent à participer au processus, qui les mettent en confiance.
III.3.4. Solutions et alternatives proposées
Les participants ont conclu sur le fait que la problématique ne peut être étudiée qu’en prenant en compte tous les paramètres auxquels il a été fait référence dans les points précédents :
· La dépendance des familles ;
· Le coût des transferts ;
· Les rapports avec les pouvoirs publics (au Nord et au Sud).
Pour faire face à tous ces obstacles, pour parvenir à une contribution efficace des migrants au développement du Sud, les participants ont lancé quelques pistes :
· Pour lutter contre la dépendance des familles, il faudrait d’une part, sensibiliser les bénéficiaires afin qu’ils investissent plus dans des projets de développement. Les migrants quant à eux, doivent utiliser des organismes de transfert appliquant de faibles taux pour les commissions bancaires. Ceux qui sont déjà sensibilisés à la question du développement devraient être privilégiés. Un participant nous a fait partagé sa propre expérience de la création en RDC d’une caisse de micro finance avec des partenaires issus de l’émigration.
· Pour ne pas trop se voir imposer les règles de ces institutions financières aux énormes capitaux, des propositions ont également été émises. Par exemple, il faut qu’il y ait plus de banques, de coopératives ouvertes essentiellement aux ressortissants des pays du Sud où vont ces transferts. L’illégalité du séjour des migrants ne doit pas être un obstacle qui les empêcherait de s’adresser aux banques.
· Quant aux pouvoirs publics, il faut dialoguer avec ceux du Nord et faire la même chose avec ceux du Sud. Mais surtout, il faut sensibiliser ces derniers sur le bien-fondé d’une bonne collaboration avec les migrants.
Président : Oscar Kombila
Rapporteur : Nina Gombo
III.3.1. Introduction
Les organisateurs avaient proposé aux participants aux différents ateliers de discuter autour de quelques questions directement en rapport avec le thème principal. Dans ce troisième atelier, nous avions eu à répondre aux questions suivantes :
- Parmi les mécanismes des transferts financiers internationaux, quels sont ceux qui sont accessibles au migrant en appui à son action de développement ?
- Quelles sont, dans ce domaine, les particularités de la législation sociale belge ?
- Existe-t-il des organismes financiers, comme les banques de développement, capables d’aider les migrants dans ce domaine ?
- La création d’une institution spécialisée est-elle envisageable ?
- Comment organiser les relations entre le migrant et les organismes financiers pour assurer une meilleure réussite de son action ?
Sur le plan de la participation, notre atelier a bénéficié de la présence de personnes d’origines sud-américaine, africaine et européenne, toutes sensibilisées à la problématique du travail des migrants en faveur du développement du Sud.
III.3.2. Méthode de travail
Nous avons tout d’abord procédé à un tour de table qui a permis de faire connaissance les un des autres. A l’issu de ce tour, nous avons pu nous rendre compte que d’une manière générale, nous étions surtout des personnes souhaitant partager leurs expériences et leurs interrogations personnelles concernant le développement du Sud. Nous avons regretté qu’à l’exception de M. Anton Van Assche de l’Ociv, il n’y avait pas d’experts en développement, en transferts financiers, ou de spécialistes sur la législation belge.
Partant de là, le groupe a choisi d’utiliser les questions proposées à titre indicatif et d’aborder le sujet avec les seuls éléments à notre portée. De cette manière en fait, nous laissions ouvert le débat.
Le travail s’est divisé en deux parties :
1. L’état des lieux qui a permis de mettre en évidence l’ampleur du phénomène des transferts financiers des migrants, les obstacles et le choix des moyens utilisés à cette fin.
2. Les propositions qui devraient permettre de résoudre les problèmes identifiés et de réduire sinon d’éliminer les obstacles..
III.3.3. Etat des lieux
«Comment s’articule l’environnement financier dans lequel se place l’action du migrant ? ». Nous avons relevé les réalités suivantes :
1. Les fonds transférés par les migrants vers le Sud sont de plus en plus importants
La crise économique qui persiste dans l’hémisphère sud et le décollage qui ne s’y effectue pas, entraînent de fortes sollicitations de la part des familles restées dans les pays d’origine pour de l’aide financière. En réalité, selon des chiffres révélés par des spécialistes, les migrants transfèrent même 4 fois plus d’argent que ne le fait l’OCDE en direction des pays du Sud, pour l’aide au développement de ceux-ci.
Cette situation s’explique entre autre par l’intégration des migrants dans leur pays d’accueil. Le fait qu’ils travaillent leur permet de faire parvenir des sommes d’argent à leurs familles pour les aider.
2. Les transferts se font souvent de manière informelle
Même si les migrants ont plus de fonds à transférer vers le Sud, ils n’utilisent pas nécessairement les canaux tels que les banques. Ils privilégient plutôt les sociétés de transferts d’argent (Western Union, Moneytrans, etc). Plus rapides, n’exigeant pas trop de formalités, elles permettent de répondre rapidement aux demandes urgentes des familles.
Cette tendance est renforcée par le fait que parmi les personnes qui transfèrent de l’argent, il y a tout de même un nombre non négligeable d’illégaux (notamment les latino-américains). Ces sociétés sont intéressantes pour eux car elles n’exigent que l’identité du bénéficiaire et pas de celui qui envoie l’argent.
De plus, les migrants ne souhaitent pas spécialement que l’Etat n’ait connaissance des montants transférés. En effet, ils peuvent très bien avoir des sources illégales (travail au noir, trafic de tous genres, etc).
3. Les banques du Sud existent peu dans le Nord
Il existe quelques banques sud-américaines et du Maghreb (Argentine, Maroc, etc) qui ont créé des succursales dans le Nord, ce qui facilite les opérations financières pour les originaires de ces parties du monde. Par contre, dans le cas de l’Afrique noire, il n’y en a aucune.
A cela s’ajoute le problème lié au taux de change, comme l’a soulevé un des intervenants. Les participants à l’atelier ont dénoncé les faibles taux de change que les sociétés de transferts appliquent et qui s’ajoute à la faiblesse des monnaies locales. Ainsi, les fonds transférés perdent leur valeur durant le processus. Ces sociétés profitent du fait que l’intermédiation financière est souvent inexistante dans le Sud.
4. La dépendance des familles par rapport au migrant s’accentue
Plus la crise économique sévit dans le Sud, plus s’accroît la dépendance des familles vis-à-vis des migrants. Les transferts effectués servent surtout à les nourrir au quotidien. Souvent, le transfert est justifié par un catalyseur comme par exemple un décès ou une maladie. Très rarement, l’argent sert à développer une activité génératrice de revenus et qui rendrait ces familles indépendantes ou en tous cas, moins dépendantes.
Au contraire, même lorsqu’il y a un investissement par les migrants, ceux-ci se plaignent de la mauvaise gestion des fonds par les bénéficiaires. En fin de compte, on revient à la case de départ, il faut de nouveau nourrir le quotidien.
5. Il existe un climat de méfiance vis-à-vis des pouvoirs publics du Sud
Les migrants dénoncent le manque de volonté politique de la part des pouvoirs locaux.
Ils leur reprochent de ne pas prendre de mesures adéquates pour faire changer les choses. Les migrants ne demandent qu’à contribuer au développement de leurs pays d’origine. Mais ils ont besoin que les politiques mettent en place des dispositifs qui les incitent à participer au processus, qui les mettent en confiance.
III.3.4. Solutions et alternatives proposées
Les participants ont conclu sur le fait que la problématique ne peut être étudiée qu’en prenant en compte tous les paramètres auxquels il a été fait référence dans les points précédents :
· La dépendance des familles ;
· Le coût des transferts ;
· Les rapports avec les pouvoirs publics (au Nord et au Sud).
Pour faire face à tous ces obstacles, pour parvenir à une contribution efficace des migrants au développement du Sud, les participants ont lancé quelques pistes :
· Pour lutter contre la dépendance des familles, il faudrait d’une part, sensibiliser les bénéficiaires afin qu’ils investissent plus dans des projets de développement. Les migrants quant à eux, doivent utiliser des organismes de transfert appliquant de faibles taux pour les commissions bancaires. Ceux qui sont déjà sensibilisés à la question du développement devraient être privilégiés. Un participant nous a fait partagé sa propre expérience de la création en RDC d’une caisse de micro finance avec des partenaires issus de l’émigration.
· Pour ne pas trop se voir imposer les règles de ces institutions financières aux énormes capitaux, des propositions ont également été émises. Par exemple, il faut qu’il y ait plus de banques, de coopératives ouvertes essentiellement aux ressortissants des pays du Sud où vont ces transferts. L’illégalité du séjour des migrants ne doit pas être un obstacle qui les empêcherait de s’adresser aux banques.
· Quant aux pouvoirs publics, il faut dialoguer avec ceux du Nord et faire la même chose avec ceux du Sud. Mais surtout, il faut sensibiliser ces derniers sur le bien-fondé d’une bonne collaboration avec les migrants.